Ma grand-mère me demandait régulièrement : « mais toi tu fais quoi exactement comme métier ? » et moi de lui répondre : « Chasseur de Têtes mamie »… Et je voyais alors son visage se crisper pensant probablement que je faisais un métier armé et dangereux…
Il ne s’agit pas ici de donner une définition exhaustive de ce métier ni de vous imposer une logorrhée indigeste sur notre quotidien mais simplement d’en dévoiler quelques aspects parfois étranges, inconnus et ou incompris. Il faut bien souligner qu’il n’existe pas de formation ou de diplôme spécifique pour cette activité et il y a probablement autant de définitions que de professionnels.
Pour bien comprendre ce qu’est un Chasseur de Têtes, il convient, je pense, de l’observer sous trois angles : celui du Client, puis du Candidat et enfin du Chasseur lui-même.
Pour le Client
Il s’agit avant tout de faire appel à un expert du recrutement. Des entreprises cherchent effectivement par le biais d’un Chasseur, le Candidat qui serait parfait et qui « cocherait » l’ensemble des cases… Le risque est de tomber dans la recherche du fameux « Mouton à cinq pattes »… Mais j’aurais tendance à dire que de nos jours, le fameux mouton a aussi souvent 8 oreilles, 12 yeux et plutôt 24 pattes… Cet animal transgénique est donc très difficile à trouver ! ?
Notre métier ne consiste pas à envoyer un nombre illimité de CV. Je dis souvent que nous ne sommes pas des distributeurs automatiques… Nous tentons autant que faire se peut d’écouter et d’analyser le besoin et de mettre cette recherche en regard avec le marché de ceux qui sont à l’écoute des opportunités.
La parfaite connaissance de ses candidats est une vraie valeur ajoutée mais il faut aussi savoir dire à un client qu’il n’est pas envisageable de trouver un profil qui n’existe pas.
Nous privilégions aussi les clients qui s’engagent réellement dans un partenariat avec nous. Appeler plusieurs cabinets n’est pas à notre avis une bonne solution car nous partageons souvent les mêmes candidats avec nos confrères.
Au risque de décevoir certains clients potentiels, nous n’avons pas un coffre-fort « top secret » dans lequel nous enfermerions de candidats parfaits ! ?
Et j’ajoute qu’il est utile de soigner la réputation de votre marque vis-à-vis des collaborateurs actuels, passés et à venir… cela contribue fortement à attirer les compétences que vous cherchez…
Pour le Candidat
Avant tout, protégez votre image et construisez votre réputation. Oui, il faut être présent et visible sur les réseaux professionnels mais ne négligez pas non plus les autres supports qui pourraient être consultables…
J’entends parfois dire : « ceci est ma vie privée » mais sachez qu’elle devient publique quand vous laissez des images de vous être diffusées sur la toile, notamment par vos amis…
Si vous êtes approchés et que vous ne souhaitez pas changer de poste, dites-le simplement car cela contribue à votre « réputation » plus favorablement que si vous restez silencieux. ?
Enfin, nous sommes souvent contactés par des candidats quand ils sont en difficulté ou en recherche active. N’hésitez pas à vous faire connaitre quand tout va bien car nous aurons ainsi le temps de créer une vraie relation et les propositions seront d’autant plus en adéquation avec vos aspirations. Si vous êtes chassés soyez certain qu’une offre potentielle d’évolution pour vous est à la clé.
Le Chasseur
Lui-même humain, il doit composer avec l’humain client et l’humain candidat. Il est l’entremetteur des professionnels, le « Meetic » des opportunités de carrière.
Il est avant tout un bon commercial qui sait convaincre un client de sa valeur ajoutée, de la valeur d’un candidat présenté et qui sait aussi convaincre un candidat du bien-fondé d’une opportunité, avant d’agir comme ce que l’on pourrait appeler un agent personnel….
Il sait aussi composer avec des changements de stratégie, de profil, d’avis et offre un regard extérieur sans affect aussi bien sur l’offre que sur les postulants.
Il doit savoir jongler avec des canaux de communication qui ne cessent de progresser. Ne lui en voulez pas s’il ne répond pas dans la minute à votre message. Il a vu l’alerte sur son smartphone et il doit ensuite retrouver votre message dans les textos, whatsapp, messenger, viber, instagram, viadeo, skype, LinkedIn… ?
Préférez donc lui écrire sur son email… ce sera l’assurance d’être lu plus vite et de recevoir un suivi…
Vous l’aurez compris, ce métier requiert avant tout de la patience et de l’organisation. Vendre un poste à un candidat et un candidat à un client relèvent avant tout de la relation humaine… Et l’humain est loin d’être une science exacte !
Un article de Pascal Guillory